04 octobre 2025

1893 : deuxième voyage de Sissi Impératrice d'Autriche en Suisse


Il faut attendre le mois de septembre 1895 pour voir l’Impératrice revenir en Suisse. Ce n’est d’abord qu’une traversée nocturne en train via Berne et Genève pour gagner Aix les Bains où elle parvient au petit matin du 1er septembre. Elle y suivra une cure «avec une exactitude exemplaire. Tous les matins dès cinq heures et demie elle vient de son hôtel à l'établissement seule et sans se faire accompagner même par une femme de chambre. Elle retourne à l'hôtel (le Splendide, NDA) avec la même simplicité» nous raconte la Tribune de Genève dans son édition du 11 septembre.

Venant de la station thermale, elle parvient à Territet le 25 septembre en début de soirée. Elle logera à nouveau au Grand hôtel des Alpes. La presse s’amuse du fait qu’après l’arrivée du train à Genève les deux wagons transportant l’Impératrice et sa suite ainsi que le fourgon chargé de leurs bagages aient été accrochés au convoi Genève - Lausanne dont la route comporte pas moins de 29 arrêts…



Le bateau France de la CGN


Sous le titre «Une Impératrice à Ouchy », la Tribune de Genève relate la journée du 27 septembre que l’Impératrice a passé sur le Léman : "L'impératrice Elisabeth d'Autriche a profité de la magnifique et chaude journée de vendredi pour faire une excursion sur le lac. Accompagnée d'une dame et de deux chambellans elle passait à 10 h. 15 du matin à Ouchy sur la France et se rendait à Thonon. L'impératrice a fait la course inverse l'après-midi et se trouvait à 4 h. 45 à Ouchy sur le même bateau. S. M. était en toilette de soie noire et s'entretenait vivement en langue hongroise avec un des messieurs qui l'accompagnait. Malgré la fuite des années l'impératrice Elisabeth reste étonnamment jeune. Sa tournure est toujours d'une finesse et d'une élégance exceptionnelles et sa chevelure est restée superbe. Bientôt reconnue par les promeneurs qui avaient pris place sur la France l'impératrice s'est efforcée de se soustraire aux regards indiscrets derrière un grand éventail jaune."

Son séjour s’achève le 29 septembre. Elle quitte Territet vers 17 heures et  à Lausanne « prend le train de nuit pour l’étranger » nous informe La Suisse libérale sans donner de précision sur la destination.

Une question se pose : pourquoi le deuxième séjour de Sissi fut-il aussi court?


01 octobre 2025

1893 : premier voyage de Sissi Impératrice d'Autriche en Suisse


Nous sommes à la fin du XIXe siècle, c’est la Belle Époque. La Suisse vient de découvrir les opportunités économiques offertes par le développement du tourisme sur les lacs et dans les montagnes. Les infrastructures se développent : les bateaux des lacs sont de plus en plus grands et leur décoration de plus en plus élaborée, trains de montagne et funiculaires apparaissent dans de nombreux cantons, de magnifiques hôtels de luxe sont construits pour le plus grand bonheur des touristes aisés qui viennent de toute l’Europe. Elisabeth, Impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie va profiter de ces installations lors de plusieurs séjours sur la Riviera vaudoise. Elle fait partie de la légende de cette région comme en témoigne le monument érigé à Territet. Pourquoi choisir Territet comme lieu de séjour? Avançons plusieurs raisons. Cette petite bourgade située à l’écart de Montreux est calme (ce que l’Impératrice apprécie par dessus tout) mais n’est pas isolée : un funiculaire (inauguré en 1883, voir son histoire ici) permet de gagner Glion et, de là, le magnifique site panoramique des Rochers de Naye par un train à crémaillère construit en 1892. Voila de quoi satisfaire les désirs de promenade sportive de l’Impératrice. À quelques centaines de mètres de l’hôtel de Sissi, se trouvent la gare ferroviaire et l’embarcadère de la Compagnie générale de navigation née en 1873.


C’est le 18 février 1893 dans la matinée que l'Impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie Elisabeth arrive à Genève par le train de Turin. Elle vient en Suisse pour la première fois et passera sa première nuit à Genève du 18 au 19 février à l’hôtel Métropole qu’elle rejoint directement en venant de la gare de Cornavin. La matinée du lendemain est consacrée à une promenade à pied sur le quai des Eaux Vives (maintenant quai Gustave Ador). Ironie du sort c’est ici que le bateau Genève (sur lequel Sissi embarquera le jour de sa mort) sera ultérieurement désarmé.


Vers midi, elle quitte Genève par le train et parvient à Territet en début d’après-midi. Elle a voyagé à bord d’un wagon de 1ère classe loué auprès de la compagnie du Jura-Simplon qui arrive à Montreux à 15 heures. Elle va loger à Territet, dans l’ancienne modeste auberge devenue en 1855 le très bel Hôtel des Alpes, dépendance du Grand Hôtel. Des appartements y avaient été réservés pour un mois par le comte Liechtenstein, un habitué du Grand Hôtel, sans qu’il donne le nom des occupants.


Le 28 février est le jour de l’arrivée de son époux, l’Empereur François-Joseph. L’Impératrice, accompagnée de deux dames de sa suite et de son valet de chambre, quitte son hôtel à l’heure du déjeuner pour gagner Lausanne où le train de l’Empereur est attendu dans l’après-midi. Le train de l’Empereur arrive en gare de Lausanne vers 16 heures. L’impératrice, qui se promenait sur le quai de la gare au milieu d’un nombreux public, accompagnée d’une seule dame d’honneur, s’est portée à la rencontre du wagon dans lequel voyage l’empereur François-Joseph. Les époux se retrouvent puis embarquent dans le wagon spécial qui est maintenant attaché au train de Territet. Le train quitta Lausanne à 16 heures 45 ; le wagon impérial était précédé d'un autre wagon de 1ère classe du Jura-Simplon destiné aux officiers de la suite de l'empereur et suivi d'une voiture de 2° classe pour le personnel. Les installations du wagon impérial comportent : au centre du wagon un salon d'une richesse inouïe entièrement capitonné de velours bleu ciel ; puis un autre salon pour les personnes de la suite, une chambre à coucher, une petite salle à manger et deux petites pièces pour les valets de pied.


Le couple impérial arrive à Territet à 18 heures et gagne à pied le Grand Hôtel des Alpes. La presse raconte : «L'empereur donnant le bras à l'impératrice a traversé la foule qui saluait en se découvrant à chaque instant. C'était un spectacle au moins original que de voir le chef de la puissante dynastie des Habsbourg arpenter rapidement les trottoirs de Territet suivi par le prince de Liechtenstein et la comtesse de Festetics. Ce couple impérial est d'une réelle distinction ; l'impératrice d'abord svelte fine simplement vêtue d'une robe noire sans le moindre ornement d'une petite jaquette à col de fourrure et d'un chapeau ultra modeste ; l'empereur ensuite dans son vêtement sombre a l'air d'un rentier en villégiature. »


La Tribune de Genève datée du 1er mars 1893 nous renseigne sur le séjour de Sissi : «S. M. l'impératrice d'Autriche-Hongrie est dit-on enchantée de son séjour à Territet… Elle passe ses journées à se promener dans les environs; la grève du lac reçoit ses plus fréquentes visites. L'impératrice abhorre la compagnie: elle se fait généralement accompagner par l'une de ses dames d'honneur Mme de Festetics ou Mme de Feifalik. M. Barker chargé de donner des leçons de grec à la souveraine est souvent de la partie. À l'hôtel des Alpes qui est une dépendance du Grand-Hôtel somptueux édifice luxueusement installé, l'impératrice est inscrite sous le nom de comtesse de Hohenembs ; elle occupe avec les personnes de sa suite immédiate une demi-douzaine de chambres. L'empereur et sa cour en exigeant à peu près le double, cette annexe a été presque entièrement réservée à ces voyageurs de haut rang. »


Construit en 1841 comme une modeste auberge, le Chasseur des Alpes devint Hôtel des Alpes en 1855, puis en 1888 après l’adjonction d’un nouveau bâtiment décidé par Ami Chessex (hôtelier et homme politique vaudois, qui fut avec son beau-frère Alexandre Emery l’initiateur du développement de l'hôtellerie à Montreux). Sissi logea donc à l’ Hôtel des Alpes et son impérial époux au Grand Hôtel.



Le 15 mars, François-Joseph part rejoindre Vienne non sans avoir fait quelques cadeaux aux employés du bureau de poste de Territet ainsi qu’au personnel des gares de Territet et Lausanne. Le lendemain, 16 mars, Elisabeth quitte Territet à midi, arrive à Berne, prend une collation au buffet avant de faire une promenade dans les rues et de reprendre le train pour Lucerne où elle arrive dans la soirée. Elle passe la nuit à l’hôtel National et quitte Lucerne le 17 mars dans la matinée après, comme d’habitude, une promenade à pieds sur les quais pour gagner Lugano où il est prévu qu’elle passe quelques jours. Elle arrivera à Gênes le 26 mars dans la soirée, toujours dans le wagon du Jura - Simplon et passe la nuit au Grand Hôtel Isotta. Le lendemain, elle s’installera à bord du yacht impérial Miramar et visitera Gênes pendant quelques jours avant de gagner sa résidence de l’Achilléion à Corfou. Son séjour à Gênes est relaté sur deux sites https://dearmissfletcher.com/2013/06/14/limperatrice-sissi-turista-nella-superba/ 

et https://unarapidaebbrezza.blogspot.com/2012/12/homepage.html.


La presse genevoise, en particulier la Tribune de Genève, a relaté quotidiennement les activités du couple impérial, s’interrogeant sur la durée du séjour et évoquant les rares désagréments occasionnés par quelques personnes («principalement anglaises») qui suivaient assidûment l’Impératrice. C’est également la presse qui nous apprend que « Composée de 18 personnes, sa suite comprend quelques hauts dignitaires des cours d’Autriche et de Hongrie, la comtesse Sztaray, dame de compagnie de sa Majesté de 1893 à 1898, et 42 pièces de bagages… ».



Le yacht impérial Miramar



 

11 mars 2025

Grand Prix automobile de Montreux 1934

Le Grand Prix automobile de Montreux en 1934

Cliché mymontreux.ch

Tout le monde connait le grand prix de Monaco. D’autres compétitions automobiles sont organisées  dans des centres villes mais ne sont jamais parvenues à égaler la célébrité de celle organisée dans la Principauté méditerranéenne. Le prestige du lieu est certainement la raison principale de cette renommée internationale qui dépasse largement le cadre de la course automobile. Une autre compétition du même type aurait pu connaître un destin similaire… Mais le Grand Prix de Montreux ne fut organisé qu’une seule fois.

L’organisation
Inspirée par Monaco où le premier GP avait eu lieu en 1929, la section vaudoise de l’Automobile club de Suisse organise la manifestation en collaboration avec l'office du tourisme de Montreux. La date retenue est le 3 juin 1934. Mais pourquoi cette date du 3 juin 1934 alors que se déroule le même jour sur le circuit allemand du Nürburgring la course de l’Eiffel? La coïncidence des deux dates obligea de nombreux pilotes de renom à faire un choix et beaucoup préférèrent aller courir en Allemagne. Le budget annoncé fut de CHF 100 000. Mais les organisateurs ne parviendront pas à rentabiliser l’opération ce qui explique peut-être pourquoi l’opération ne sera pas renouvelée.

Les concurrents et le classement général


Remarquons la présence de la Scuderia Ferrari avec trois Alfa Romeo puisqu’ Enzo Ferrari ne deviendra un constructeur indépendant qu’en 1947. L’écurie du pilote suisse Louis Braillard engage trois voitures différentes.

La course

Document Motorsport magazine

Cliché mymontreux.ch

90 tours d’un circuit urbain de 3,32 kilomètres soit 298,8 kilomètres seront parcourus en environ trois heures. Sur les douze concurrents présents au départ, huit franchirent la ligne d’arrivée.
Le français Philippe Etancelin sembla longtemps en position de vainqueur. Mais au 88e tour, Trossi a pu dépasser pour s'imposer. 

Trossi et son Alfa Romeo. Cliché mymontreux.ch


Voir ici un film Pathé exceptionnel qui montre quelques moments de la course.

Les suites
Cette course fut la seule à se dérouler dans les rues de Montreux. Un grand prix fut organisé à Bremgarten BE à quatorze reprises mais l’accident mortel qui se produisit lors des 24 Heures du Mans en juin 1955 aboutit à l’interdiction de toute compétition automobile sur circuit sur le territoire suisse (article 52 de la Loi sur la Circulation Routière de 1958).  L’interdiction des compétitions automobiles sur le territoire de la Confédération ne concerne pas les rassemblements commémoratifs ou de collectionneurs. Huit rassemblements seront organisés à Montreux entre 1977 et 2018 regroupant différents types de véhicules de sport anciens ou contemporains.

25 septembre 2024

Orthographe officiel

 

Les esprits chagrins (et, bien sûr, réactionnaires) pourraient trouver regrettable que le "Service de presse" du "Palais de l'Élysée" puisse faire une faute d'orthographe dans un communiqué officiel de six lignes...


Ici se trouve le texte original.

23 juillet 2024

Le nouvel alphabet

Nous avons connu il y quelques années l’arrivée de l’écriture « inclusive », et de son « point - milieu » qui, selon le Manuel d’écriture inclusive (www.motscles.net),« permet d’affirmer  sa fonction singulière d’un point  de vue sémiotique et par là d’investir « frontalement » l’enjeu discursif et social de l’égalité femmes / hommes. » Nous voila rassurés. Espérons que cette écriture permettra aux écoliers de la République de faire moins de fautes d’orthographe…

Voici maintenant le nouvel alphabet, beaucoup plus simple que l’ancien (le chiffre français de vingt six caractères pouvait paraître un peu élevé pour énoncer une pensée importante). Il ne contient plus que quatre lettres : LGBT pour lesbienne, gay, bisexuel, transgenre. C’est effectivement beaucoup plus simple pour évoquer une question dont il n’est pas certain qu’elle intéresse la majorité de la population.

Mais des réformistes encore plus avancés ont rapidement crée le LGBTQIA+, ajoutant le Q pour « questionnement », le I pour « intersexe » et le A pour « asexué ». Le signe + étant là pour nous dire que l’on avait peut-être pas encore fait le tour complet du problème et que si certains philosophes de comptoir avait une idée intéressante, ils pouvaient toujours en faire part dans un journal du soir.

Existerait-il des réfractaires à l’apprentissage des nouvelles normes? Les scientifiques, les mal-pensants et autres pas-pensants-du-tout  se contenteront de deux lettres X et Y qui désignent les chromosomes sexuels. Finalement deux lettres peuvent paraître largement suffisantes pour déterminer le sexe d’un individu. Mais cela ne représente que la réalité biologique. Mais faisons fi de ces mauvais esprits qui n’ont pas réfléchi aux vraies questions...

Évian les Bains

Quelques clichés de la ville d'Évian qui doit son développement au tourisme thermal de la Belle Époque. Sans aucune prétention à l'exhaustivité...


Le Palais Lumière. Construit face au lac Léman en 1902 pour être le premier établissement thermal de la ville, devenu centre d'exposition et palais des congrès, il est certainement l'un des plus connus et plus beaux édifices de la ville.



Avant de devenir l'Hôtel de Ville en 1927, cette maison construite dans les années 1890 fut acquise par Antoine Lumière (père des inventeurs du cinématographe) en 1896. 



La villa du Châtelet. Construite en 1896 en bordure du lac, elle fut intégrée à un complexe thermal aujourd'hui fermé et dont la conception est due à  Jules Lavirotte (1864-1929),  architecte adepte de l'Art nouveau dont on rencontre certaines réalisations à Paris. Actuellement centre culturel.





Les bâtiments de la source Cachat, l'eau d'Évian. Actuellement en travaux.


 En quittant le port... La silhouette du magnifique Hôtel Royal.

29 juin 2024

Le Comité international olympique à Lausanne

Les locaux du CIO à Vidy - Cliché Gilles Barnichon

N'allez pas penser que je cède à la mode olympique en évoquant aujourd'hui ce bâtiment situé à Vidy à quelques centaines de mètres du Léman. Simplement le "hasard" du calendrier...

C'est en 1915, en pleine guerre mondiale que le baron Pierre de Coubertin, président du CIO, choisissait la Suisse afin d’établir le siège de l’organisation en terrain neutre car «L'olympisme trouvera dans l'atmosphère indépendante et fière que l'on respire à Lausanne, le gage de liberté dont il a besoin pour progresser». Plusieurs sites accueilleront successivement le Comité lui-même, indépendamment des autres structures.

Ce sera dans un premier temps le casino de Montbenon, grande et magnifique bâtisse construite en 1908 située sur l'esplanade de Montbenon et dont la terrasse jouit d'une vue imprenable sur le lac situé en contrebas..


Clichés Wikipedia

Puis la villa Mon Repos, à quelques centaines de mètres de l'imposant immeuble du Tribunal Fédéral, abrite le Cio à partir de 1922.  Ce bel édifice, dont l'origine remonte à 1747, se trouve en bordure du parc du même nom. Le théâtre situé dans les dépendances de la villa a été utilisé par Voltaire en 1757.


C'est en 1968 que le CIO investit ce que les Lausannois nomment le "quartier de Vidy" et plus précisément le "Château de Vidy" construit à la fin du XVIIIe siècle. 

Château de Vidy - Cliché Gilles Barnichon

Rapidement, le besoin est ressenti de locaux plus vastes qui vont être construits à côté du château et inaugurés en 1986. Ce serait le premier bâtiment où s'opère l'ensemble des activités mondiales du CIO auparavant réparties en plusieurs lieux. L'olympisme se développe de plus en plus et les fonctions administratives du CIO suivent le mouvement. Une extension est ajoutée en 2008.


Installations de 1986 - Images Wikipedia

Les choses s'accélèrent et une nouvelle fois, la décision d'agrandir les locaux est prise en 2015. Plutôt qu'adapter les existants il apparait comme préférable d'en construire de nouveaux. Au même endroit après avoir supprimé ce qui existe sauf, heureusement, le château de 1780... Pour un coût évoqué de 145 millions de francs, est obtenu un bâtiment de 22 000 mètres carrés, bien évidemment "durable, efficace énergétiquement et promouvant des valeurs..." qui peut accueillir 500 salariés. La nouvelle "Maison olympique" est inaugurée le 23 juin 2019.

Cliché Gilles Barnichon
Cliché Gilles Barnichon

Cliché Gilles Barnichon

Cliché Gilles Barnichon

Cliché Gilles Barnichon


Quelques sites d'architecture :IB+Architecture suisse

23 juin 2024

Livres d'histoire maritime


Livres d'histoire maritime à voir ici.

Pour tout renseignement : grand.chemin-01(at)gmail.com

22 mai 2024

Le roi de Thaïlande Rama IX vécut à Lausanne.

Le roi de Thaïlande Rama IX (1933-2016) vécut pendant 18 ans à Lausanne de 1933 à 1951. 




En vous éloignant vers l’Est du centre d’Ouchy et du port où vous aurez peut-être eu la chance d’admirer l’un des bateaux historiques de la Compagnie générale de navigation, après être passé devant le musée Olympique, vous ne pourrez manquer de voir le magnifique pavillon thaïlandais du parc de Denantou. Que vient faire un pavillon thaïlandais sur les bords du Léman?

Ce pavillon a été offert par le roi de Thaïlande à la ville de Lausanne en 2005, à l'occasion du 60e anniversaire de l'accession au trône de S.M. le Roi Bhumibol Adulyadej et du 75e anniversaire des relations diplomatiques entre la Thaïlande et la Suisse.

En 1933, la princesse Mahidol décide de s’installer en Suisse avec ses trois enfants afin de les faire bénéficier d’une éducation réputée. Ils sont au nombre de trois : une fille Galyani, âgée de 10 ans, et deux fils, Ananda, 8 ans et Bhumibol, 6 ans. Les deux garçons deviendront roi de Thaïlande sous les noms de Rama VIII et Rama IX. Leur vie à Lausanne est loin de l’image que l’on a d’une famille régnante. La princesse et ses trois enfant sont installés dans un immeuble de rapport puis dans une maison à Pully. Durant le règne de Rama IX, sa mère et sa soeur, restées en Suisse, continuèrent à habiter Pully.

Le règne de Rama VIII fut bref. En 1935, le prince Ananda, a dix ans lorsqu’il est appelé sur le trône, mais il ne rejoint la Thaïlande qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en décembre 1945. Il trouve la mort en 1946, dans son palais de Bangkok, avant même son couronnement officiel dans un accident avec une arme à feu.

Le second garçon, Bhumibol Adulyadej, est né le 5 décembre 1927 à Cambridge (Massachusetts, États-Unis). Il a donc six ans lorsqu’il arrive à Lausanne en 1933. Ce dernier héritera du trône le 9 juin 1946, prenant le nom de Rama IX mais restera néanmoins en Suisse jusqu’en 1951. Le règne de Rama IX a duré 70 ans  (de 1946 à 2016). C’est lui qui décide en 2005 d’offrir à la ville de Lausanne cet édifice en souvenir des 18 années qu’il y a passées avec une partie de sa famille. Il s’éteint le 13 octobre 2016 à Bangkok.

Une polémique retarde l’installation

L’emplacement du royal cadeau fut un sujet de désaccord entre la conseillère municipale Silvia Zamona (partisane du parc Denantou) et son opposition municipale (souhaitant le parc de Sauvabelin). La présence d’un point d’eau à proximité du pavillon était un impératif culturel thaï ; Denantou l’emporta. Mais la polémique avait duré longtemps et les autorités thaïes s’impatientaient, allant jusqu’à menacer de retirer leur cadeau. Enfin, en 2007, une douzaine d’artisans thaïlandais spécialement envoyés peut commence à assembler la trentaine de tonnes de pièces venues de Thaïlande. Puis, l’édifice est inauguré le 17 mars 2009 par la Princesse Maha Chakri Sirindhorn, deuxième fille du roi Rama IX accompagnée syndic de Lausanne Daniel Brélaz. Elle déclara : « Lausanne est une ville importante dans l’histoire des relations entre la Thaïlande et la Suisse, car c’est ici que nos deux rois, Rama VIII et Rama IX, la princesse-mère et la princesse Galayani Vadhana ont séjourné pendant 18 ans».

Description du pavillon de Lausanne

L’édifice de bois, construit dans le style Jaturamuk mesure 6 mètres de large, 6 mètres de long et 16 mètres de haut. Il est un exemple de l'architecture et des arts traditionnels thaïs: assemblage de boiseries par la technique « à queue fourchue », sculpture sur bois, décoration de verre et de peinture de feuilles d'or.